15.6.23

Bien profond où tu sais

 

Le « où tu sais », pas besoin de dessin je pense. C’est l’orifice qui te permet de passer cinq à sept minutes tranquille sur le trône chaque matin au réveil, après avoir sifflé le café et/ou la clope au saut du lit. Ce moment où on te fout la paix, à commencer par ta femme et/ou tes gosses si tu en as. J’ai la chance de n’avoir ni l’un ni l’autre. Mais j’apprécie malgré tout ce moment que je partage invariablement avec mon iPhone. Quel beau paragraphe, j’en suis très fier.


Bref, trêve de plaisanteries, même si ça fait du bien de tenter de rire un peu. Car rire, voire même esquisser un sourire en ce moment, si tu aimes le tennis et que tu es un fan de notre Rodgeur national, ben ce n’est vraiment pas évident, alors autant parler de la pause caca quotidienne. 


Novak Djokovic vient donc de remporter son vingt-troisième titre du Grand Chelem. 23. Putain de merde. 23-22-20. Celui qui a toujours été dans l’ombre de Rodgeur et de Rafa, celui qui a toujours été considéré comme le « vient-ensuite », celui qui a toujours été dans la peau du chasseur, du mal-aimé, du mal-compris, du p’tit con qui vient te faire chier à la recrée, du blaireau en soirée qui vient te postillonner dans la gueule, de la bête noire aussi et surtout, nous la met bien profond. Mais alors très très profond.


T’as mal aux fesses depuis dimanche ? Je te rassure, moi aussi ! Telle une actrice de Pornhub après un gang-bang avec des mecs à la peau plus foncée que moi, si tu vois ce que je veux dire. Mais voilà, on s’y attendait et il faut être un ignorant, ne rien connaître au tennis ou revenir d’un séjour de dix ans sur Mars pour avoir cru que l’inéluctable n’allait pas avoir lieu. L’inéluctable, c’est évidemment que Djokovic devienne le plus grand tennisman de tous les temps. En termes de chiffres en tout cas. Pas le plus grand en termes d’aura, de charisme et de popularité, mais le plus grand en termes de palmarès. Et ça, personne ne pourra lui enlever.  


Il lui aura donc fallu deux Grands Chelem, l’un en Australie et l’un à Paris, pour défoncer LE record qui compte le plus dans le monde de la petite balle jaune. Celui du nombre de Majeurs. Il a eu la chance de tomber sur deux éditions moisies, marquées par un manque flagrant de concurrence, pour parachever son œuvre et régner sur la planète tennis pour immensément longtemps, voire pour l’éternité.


Celui qui pourra espérer battre ce record n’est certainement pas né et peut-être même pas dans les couilles de son père. Certains me parlent de Carlos Alcaraz, il est doué bien sûr mais je demande quand même à voir sur la longueur. Car pour espérer atteindre un tel chiffre, totalement ahurissant, il convient de traverser au moins trois générations de joueurs et de régner sur ce sport pendant plus de quinze ans, le tout en étant préservé par les blessures. Tout un programme…


Voilà, Novak Djokoboss l’a fait. A la retirette souvent. Sans panache ni fair-play quasiment toujours. Sans génie ni paillettes. Contre un public hostile. Mais il l’a fait. Avec un mental de fer, un jeu solide et une rage de vaincre incroyable. Bref, il nous encule tous. Profondément. Éternellement. Bravo et respect à lui.

12.2.23

Open d’Australie 0 – Coupe Davis 100

Ça ne sera une surprise pour personne, mais autant dire que j’ai eu cent fois plus de plaisir et d’émotions à suivre ce crouille week-end (enfin, ces crouilles deux jours) de Coupe Davis à Trèves que cette infâme cuvée de l’Open d’Australie. Oui, même amputée de la journée de dimanche, même amputée des matches en cinq sets, même floquée d’une formule ubuesque, cette rencontre entre l’Allemagne et la Suisse m’a tenu en haleine et m’a fait totalement vibrer. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai même fini les bras en l’air, en mode hystérique, suite à ce merveilleux revers de Stan qui lui offrait une balle de match ; une balle de qualification qu’il conclura brillamment. Putain c’était bon, comme une pipe au réveil, comme un léger remake de l’époque de l’âge d’or du tennis helvétique. Toute proportion gardée évidemment.
 
Que ce fut beau de retrouver de la tension, de l’excitation, des supporters bruyants, parfois peu fair-play, dans cette petite mais sympathique salle de Trèves. Laquelle s’est même muée en chaudron lors des moments chauds de cette magnifique confrontation. Et des moments chauds, il y en a eu : ces deux matches remportés par l’héroïque Marc-Andrea Hüsler, dont LE chef d’œuvre du week-end face à Zverev, ce double tendu comme le slip d’un hardeur avant un gang-bang, et bien sûr ce cinquième match décisif où Stan est redevenu Stan The Man, en sauvant notamment deux balles de break au début d’un troisième set mal embarqué. J’en ai hurlé ma joie dans ma cabine de commentateur, ne manquant pas de narguer ces journalistes allemands, bêtes à manger du foin, qui commençaient à me chauffer. Alors certes, c’est une victoire contre le numéro 91 mondial dans une salle de gymnastique, pas un triomphe contre Tsonga devant 27'000 spectateurs à Lille, mais ça va lui faire un bien fou à notre Stan national, j’en suis persuadé.
 
A côté de ça, que dire de la cuvée 2023 de l’Open d’Australie, une édition triste comme un Grand Prix de Formule 1 commenté par Jacques Deschenaux ? Un tournoi absolument abject et sans le moindre intérêt. La faute à un Djokovic trop fort et à une adversité beaucoup trop faible, symbolisée par l’effondrement de Stefanos Tsitsipas en finale, sans oublier ce huitième de finale contre de Minaur (6-2 6-1 6-2), ce quart face à Rublev (6-1 6-2 6-4) et cette demi contre Paul (7-5 6-1 6-2) où le coton-tige a gagné sur une jambe, en sifflotant La Ballade des gens heureux. Bon ok, ces trois joueurs font autant peur qu’un braquage avec des pistolets à eau orchestré par deux puceaux de 8 ans et demi... Des matches à sens unique qui ont donc rendu ce tournoi complètement inintéressant. Pour dire, le joueur qui a fait le plus le spectacle à Melbourne n’est autre que… Andy Murray. Quand tu dois compter sur un Ecossais au look de croque-mort pour faire le show et sauver ton tournoi de l’indifférence totale, ça situe le niveau du truc. 
 
Ainsi donc, l’homme de tous les records semble plus affûté que jamais et empile un 22ème sacre en Majeur, revenant ainsi à la hauteur de Rafael Nadal. Le dépassera-t-il cette année ? Vu son niveau à Melbourne et sa motivation, j’en suis certain et je te promets que ça me fait mal de l’écrire. D’ailleurs, loin de moi l’envie de m’auto-congratuler, mais force est de constater que j’avais annoncé la couleur sur ce blog, il y a quinze ans en arrière (!), dans un post intitulé «Le début d'une longue série...» Tout est affreusement juste dans ce post, notamment dans le premier paragraphe.
 
Bref, Roger Federer restera le plus grand pour nous et pour beaucoup de fans de tennis. Mais qu’on le veuille ou non, le tennisman le plus titré sera Djokoboss. Enfin, on s’en fout complètement, c’est le ski alpin et Marco Odermatt qui nous font rêver désormais ! 

27.9.22

Une triste fin et un grand avènement

Ainsi donc, Rodgeur a pris son monde à contre-pied et a décidé de mettre un terme à sa légendaire carrière. Ça s’est passé un crouille jeudi, le 15 septembre pour être précis, à cheval entre le triomphe de Carlos Alcaraz à l’US Open et les funérailles de la vieille, pardon, de la Reine. Dans ce post, je ne vais pas parler de la carrière du Maître, que j’ai commenté à maintes et maintes reprises, mais je tiens à donner mon avis sur cette fin de carrière qui est, selon moi, peu glorieuse.

Apparemment, Rodgeur n’en peut plus. Son genou lui fait des misères et il n’est plus en mesure de défendre ses chances convenablement. Dont acte. Il connaît évidemment son corps mieux que quiconque, à commencer par le blaireau qui est en train d’écrire ces lignes sur un PC de l’avant-guerre. Reste qu’en tant que fans absolus du Dieu Federer, nous restons sur notre faim. Une petite tournée d’adieux, même sur une jambe, même en ne faisant que des service-volées, n’aurait-elle pas pu être possible ? Apparemment pas, et c’est vraiment dommage.

Je sais, je suis un romantique à deux balles, un de ces mecs qui regrette la feu Coupe Davis et ces matches en cinq sets sans super tie-break, mais j’aurais adoré le voir disputer un dernier match dans sa Halle St-Jacques, le voir faire ses adieux aux publics de la Rod Laver Arena, du Philippe Chatrier et, surtout, du Centre Court du All England Club. J’aurais évidemment vendu père et mère (et enfants si j’en avais) pour le voir fouler une dernière fois la terre battue de Gstaad et de Genève, voire de Monte-Carlo, Rome ou Madrid. Bref, j’aurais adoré le voir jouer encore quelques matches, quelques sets, quitte à prendre des branlées face à des nobodies.

J’aurais aimé voir des foules en délire, des fans hystériques ; des larmes, des cris et des émotions pour tous ceux qui l’ont suivi et idolâtré durant ces plus de vingt ans de carrière. Il n’en sera rien. Le Bâlois a décidé de clôturer cette merveilleuse aventure par un match exhibition dans l’infâme compétition qu’il a lui-même créée : la Laver Cup. L’association avec son meilleur ennemi Rafael Nadal fut un joli clin d’œil, les émotions furent poignantes et sincères, mais perso, ça m’en a touché une sans faire bouger l’autre. Bref, finir ainsi pour une légende comme Rodg, c’est un peu comme si Rocco Siffredi avait arrêté sa carrière en roulant des pelles à un second rôle dans Hélène et les Garçons.

Je sais bien qu’il n’y a pas de «bonne» fin de carrière. Ces fins de carrière sont souvent pathétiques, poussives, inutiles, à l’image de la mienne. Mais le Maître n’est pas monsieur-tout-le-monde et, pour son histoire, pour tout ce qu’il a apporté au tennis, le dernier jeu de sa carrière aurait mérité un autre scénario. A vrai dire, sa carrière aurait dû se terminer par un vingt-et-unième Majeur le 14 juillet 2019. Putain Rodgeur, tu vas nous manquer. Tu nous manques déjà !

Allez, un dernier mot pour conclure ce post qui donne autant de rêve que les familles Pogba et Rabiot réunies. Bravo Carlitos ! L’Espagnol est donc devenu le plus jeune numéro 1 mondial de l’histoire du tennis, le tout en remportant la première finale de Grand Chelem d’une carrière qui s’annonce gigantesque. Comme je l’ai déjà dit à la télé, ce mec est un doux mélange de Federer, de Djokovic et de Nadal. De Federer pour son jeu, de Djokovic pour son mental et de Nadal pour son docteur. Ok, je sors.

Roger Federer a pris sa retraite, Stan Wawrinka est toujours à la recherche d’un premier titre depuis 2017 et la Suisse a bataillé en Equateur pour sauver sa place dans le groupe mondial. De leur côté, les crevettes à l’ail s’offrent l’avènement du champion de demain alors que le champion de maintenant est toujours en activité et en course pour de nouveaux records. Suisse 0 – Espagne 2. Réveillez-moi quand ce cauchemar sera terminé. A bientôt peut-être.

20.7.22

22 – 21 – 20

En tennis, dans le sport et dans la vie en général, tout va très vite… Trop vite parfois.

14 juillet 2019, notre Rodgeur national se procure deux balles de match, deux balles pour remporter un neuvième Wimbledon et un vingt-et-unième tournoi du Grand Chelem. Il les foire lamentablement. L’infâme Novak Djokovic, cauchemar absolu de Federer à Church Road (trois finales, trois défaites), retourne la situation et s’adjuge une seizième couronne en Majeur. Une page de la grande histoire du tennis s’est jouée ce jour-là. Au lieu d’un 21 – 18 – 15, on passe à 20 – 18 – 16. Le train était passé pour Rodgeur et ne s’arrêtera plus jamais.

Nous sommes le 20 juillet 2022, trois ans plus tard. On est en train de cuire comme des merguez, il fait 40 degrés à Londres, la semaine des crétins du Paléo a démarré et la hiérarchie du tennis a été complètement bouleversée. Roger Federer, du haut de ses 40 ans, a totalement disparu des radars, à tel point qu’il ne figure même plus dans les tabelles de l’ATP. Les premiers Suisses du classement se nomment désormais Huesler (99e), Laaksonen (108e) et Stricker (180e), à qui l’on souhaite évidemment autant de réussite qu’à leurs prestigieux aînés.

Le train est donc passé et a même écrasé notre si belle gare en passant. Une gare flamboyante à l
’époque, mais qui ressemble aujourd’hui au mieux à un abribus de la banlieue genevoise, au pire à la gare de triage de Denges. Depuis ce funeste 14 juillet 2019, le pire jour de ma vie juste avant celui où je me suis pété le poignet contre un panneau publicitaire à la Hopman Cup, onze tournois du Grand Chelem se sont disputés. Cinq sont revenus à Djokobite, quatre à Rafael Nadal tandis que Daniil «Calimero» Medvedev et Dominic «Poulidor» Thiem se sont partagés les miettes. Trois ans pour faire passer notre Rodgeur national de recordman de Majeurs à médaillé de bronze. Trois ans durant lesquels on a vu davantage Stan sur les réseaux sociaux que sur les terrains. Trois ans où le Covid a rendu les cons encore plus cons, à commencer par Novax Djokovid, ce qui n’est pas un mince exploit

Rien de dramatique non plus. La terre continue de tourner, la température de monter, le Lausanne-Sport de perdre, les Chinois de polluer, les Russes de faire chier, les Américains de provoquer et les Français de se la raconter. L’avenir ? Une tournée d’adieux de Federer qu’on espère réussie et pleine d’émotions, deux ogres qui vont continuer à enquiller les titres et une concurrence qui peine toujours à poindre le bout de son nez. 

Entre un Medvedev qui a réussi à offrir deux finales de Grand Chelem à Nadal, un Zverev gravement blessé, un Thiem convalescent, un Tsistipas toujours aussi nul en Majeur et un Ruud au charisme d’un cycliste biélorusse sur le Tour de Romandie, ça fait autant rêver qu’un film de boules avec Ruth Dreifuss et Johann Schneider-Ammann en acteurs principaux, sous-titrage en suisse allemand inclus. L’avenir et les grands titres – à moyen voire long terme semblent désormais promis à des mecs comme Alcaraz, Sinner et autre Auger-Aliassime, à la condition sine qua non que ces derniers musclent leur jeu pour les combats au meilleur des cinq sets.

Allez, je vais retourner sous mon parasol, les pieds en éventail, regarder d’un œil le tournoi de Gstaad, écluser deux-trois bières, éviter de me faire piquer par une guêpe et espérer un peu de fraîcheur. Bel été à toutes et tous !

31.1.22

De la grande joie à la grande claque…

Cet Open d’Australie avait démarré de la meilleure des manières avec l’expulsion du pays du vilain petit canard, j’ai nommé l’innommable Novax Djokovid. Le numéro 1 mondial nous a d’ores et déjà offert le pire soap-opéra de l’année. Une série de troisième zone avec un scénario pourri, des décors de merde et des acteurs médiocres, à commencer par l’infect clan Djokovic qui, depuis sa Serbie natale, a étalé toute sa mauvaise foi. On relèvera quand même un gros point positif : son happy end ! Avec ce retour en avion forcé du coton-tige, sous les applaudissements de toute la planète tennis et les quelques rares sifflets de la communauté serbe et de cet âne de Kyrgios. Quand ton principal défenseur s’appelle Nick Kyrgios, tu sais déjà que tu fais tout faux. Un peu comme si ton avocat s’appelle Marc Dutroux. Bref, on était sereins, rassurés du fait que Djokonaze allait rester à 20...

Et voilà-t-il pas que celui que personne, mais alors personne n’attendait est sorti du bois pour mettre une immense claque à tous les fans de Roger Federer, moi en premier. Notre Rodgeur national n’est officiellement plus le plus grand joueur de tous les temps et, rien que de l’écrire, ça me donne envie de chialer. Ça ne va évidemment pas changer grand-chose à nos vies. Nos soucis seront toujours les mêmes, nos gueules de bois toujours aussi pénibles, nos réseaux sociaux toujours aussi répétitifs et notre iPhone toujours autant rempli de groupes what’s app à la con. Reste que voilà, celui qui domine le tennis depuis son quinzième sacre à Church Road en juillet 2009 n’est plus au sommet de l’Olympe. Ça fait mal. Très mal même.    

Bref, faut-il s’incliner devant l’exploit retentissant du taureau de Manacor ou plutôt regretter le fait que notre Rodgeur national n’est plus le détenteur du record de Grand Chelem ? Un peu des deux. Une chose est sûre, avoir gagné ce 21ème Majeur dans ces conditions-là, suite à un match, que dis-je, un chef d’œuvre de 5h24 (!), une ode au mental et à la gagne, fait de Rafael Nadal le plus grand tennisman de tous les temps. Il devient le GOAT en remportant l’un des plus beaux matchs de sa carrière, si ce n’est le plus beau, dans un stade où il avait subi tant de désillusions avec pas moins de quatre finales perdues, dont deux plus que jouissives face à Stan et Rodgeur (j’en durcis encore).

Encore plus fort, Rambo réalise cet exploit après avoir pris une pause de cinq mois, puisqu’il n’avait plus disputé de match depuis le début du mois d’août, le tout après un parcours à Melbourne qui n’avait rien d’un long fleuve tranquille, avec notamment Khachanov au troisième tour, Shapovalov en quart, Berrettini en demi et, surtout, le roc Medvedev en finale. Pour ajouter une dose de panache et de mythique à cette histoire incroyable, digne des plus grandes légendes du sport moderne, Popeye a réussi l’Exploit (oui, avec un E majuscule) de remonter un déficit de deux sets à zéro. Franchement, c’est hors du commun et l’avalanche de louanges quil récolte depuis dimanche est largement méritée. 

Note de lauteur : je le concède volontiers, ces deux dernières phrases puent la résignation. Je suis résigné.

Je ne sais d’ailleurs pas comment il a fait pour se remettre de la perte d’une deuxième manche qui lui tendait les bras, galvaudant une balle de set au passage. Je ne sais pas comment Medvedev a réussi à se fourvoyer ainsi, lui qui a raté trois balles de break consécutivement au début du troisième set. Putain de merde, le taureau était à terre, mourant, en sang, prêt à être abattu par celui qui allait devenir double vainqueur en Majeur et futur numéro 1 mondial. Mais voilà, telle une bête blessée, Hulk a réussi à trouver les ressources mentales et physiques pour retourner ce match, bien aidé il est vrai par un public complètement acquis à sa cause, frôlant parfois la correctionnelle. A tel point que le pauvre Russe a fini traumatisé, craquant totalement en conférence de presse et parlant même de faire un break... Allez Daniil, ne déprime pas, lance un coup de fil à Djokobite et demande lui quelques conseils. Être détesté par tout un stade, il sait ce que c’est.

Voilà les gars, une grande page de l’histoire du tennis s’est déroulé devant nos yeux hier après-midi. Il y aura un avant et un après 30 janvier 2022 et, même sil s'est fendu dun superbe hommage sur les réseaux sociaux, Federer doit quand même l’avoir mauvaise. Ce 21ème Grand Chelem aurait dû être le nôtre. Ce putain de 21ème Grand Chelem aurait dû avoir lieu le 14 juillet 2019 à Londres. Oui, j’y pense encore. J’y penserai toujours. J’y ai pensé mille fois hier. Le plus grand s’appelle désormais Rafa et il va falloir vivre avec ça. 

PS : cest un post à la con, indigne de ce blog, je sais. Désolé les amis, je n’ai juste pas envie.

22.11.21

Peng Shuai éclipse un triste Masters

Cette semaine, le monde de la petite balle jaune a beaucoup parlé de la disparition de la joueuse chinoise Peng Shuai et très peu du premier Masters de l’histoire disputé à Turin, une ville dont la culture tennistique est aussi grande que la culture de la gagne des clubs romands (hockey et football confondus). C’est dire si cette cuvée 2021 du tournoi des «maîtres» – guillemets de rigueur – n’a pas fait rêver les foules. Le public ne s’y est pas trompé et, malgré une superbe salle et une organisation qui a tenu la route, aucun match ne s’est disputé à guichets fermés. L’ambiance n’a d’ailleurs jamais atteint des sommets, pour ne pas dire qu’elle fut complètement merdique.


Le match qui aurait pu sauver cette semaine ? Le «choc» entre Daniil Medvedev et le régional de l’étape, le très prometteur Jannik Sinner, aurait pu passionner le public italien et les téléspectateurs. Or, pour de sombres raisons financières, cette partie a été programmée le soir au lieu de l’après-midi et n’avait du coup plus aucun intérêt sportif, Sinner ayant remplacé Berrettini après le premier match et ne pouvant plus être qualifié suite à la victoire de Zverev dans la journée. Un détail, me diras-tu, mais vu la pauvreté des rencontres et du casting, les organisateurs auraient au moins pu avoir la décence de réfléchir avec leur cerveau plutôt qu’avec leur porte-monnaie. Bref, une belle bande de bras cassés.


Un non-tournoi des maîtres qui n’a réuni que deux vainqueurs de Grand Chelem (!) et dont le tableau faisait plus penser à un ATP 500 qu’au bouquet final d’une saison. Un bouquet final qui est d’ailleurs à l’image de la daube servie entre janvier et novembre cette année. Je sais, je suis aigri et frustré de cette saison sans Suisses, et ça ne risque pas de s’arranger avec les années. Comme je l’ai souvent dit, le tennis a vécu son âge d’or et les saisons qui nous attendent ne pourront rien nous offrir de bien excitant, si ce n’est de voir échouer Djokovic dans sa quête aux records. Et à ce sujet, on peut remercier Zverev d’avoir permis à Rodgeur de garder son record de six Masters pour une année au moins. 


Ceci étant, au milieu de tous ces noboby au charisme d’une huître fermée que sont Ruud, Norrie, Hurkacz et autre Rublev, la hiérarchie a quand même été respectée avec une finale entre deux des trois ogres du tennis actuel. Une finale à sens unique, sans la moindre passion ni émotion, qu’Alexander Zverev a très facilement remporté. L’Allemand de 24 ans, qui n’arrive toujours pas à gagner en Majeur, confirme qu’il est bel et bien l’homme fort des tournois au meilleur des trois sets. En tout cas, le protégé de David Ferrer vient de réaliser sa plus belle saison, ponctuée par six titres, dont deux Masters 1000, l’or olympique et son deuxième tournoi des maîtres.      


Voilà, je ne pourrai pas terminer ce post sans dire un gros «FUCK 2021 !», cette année où Djokobite est passé de 17 à 20, où Wawrinka n’a joué que trois matches (pour trois défaites) et où le fantôme de Federer a pris une affreuse roue de vélo à Wimbledon. Dans ce cauchemar absolu, saluons la magnifique saison de Belinda Bencic, l’arbre qui cache la forêt, brillante médaillée d’or à Tokyo et finaliste de la Billie Jean King Cup. 


Allez, on se retrouve en janvier pour un Open d’Australie qui n’augure rien, mais alors vraiment rien de bon. Des becs et de joyeuses fêtes à toutes et tous !

14.9.21

Djokovic est un humain

Et non, Novak Djokovic n’est pas un extraterrestre. Comme toi et moi, il a des émotions, il peut avoir peur, se chier dessus, se liquéfier et perdre ses moyens. Ce rendez-vous avec la grande Histoire du tennis qu’il a magistralement raté le rend finalement plus sympathique, plus proche de nous. Loin de moi l’envie de crier ma flamme au coton-tige, mais je dois avouer que je l’ai trouvé assez touchant dimanche soir. Assez noble dans la défaite, alors qu’il aurait pu réaliser le plus grand exploit de son sport, voire du sport tout court.

Si je ne devais garder qu’une image de cette finale à sens unique, c’est celle de cette pause à 6-4 6-4 5-4, lorsque les 24'000 spectateurs du Arthur Ashe Stadium se sont mis à acclamer celui que tout le monde adorait détester. Lorsque tout un stade – complètement acquis à sa cause depuis les premiers coups de raquette – a tenté de le pousser vers un exploit impossible. Mais qui, pour ce Djokoboss dont la marque de fabrique est de renverser des montagnes, de retourner des situations complètement improbables, semblait encore à sa portée. Rarement, voire jamais habitué à ce genre de soutien dans un tournoi du Grand Chelem, le numéro 1 mondial a fondu en larmes. On a beau haïr ce mec, le conchier pour toutes les défaites qu’il a infligées au Maître, avec en point d’orgue ce funeste 14 juillet 2019, ces images resteront belles.

Ainsi donc, il n’y aura pas de Grand Chelem calendaire pour l’ennemi juré de Roger Federer et Rafael Nadal. L’exploit de Rod Laver, réalisé en 1969, reste intouchable, inatteignable. Et le restera certainement pour les prochaines décennies. Pourtant, le sosie de Joe Dalton en était si proche. On peut même se demander si cette finale aurait pu tourner en sa faveur avec un deuxième set dans la poche. Ce deuxième set qu’il entamera en ratant cinq balles de break lors des deux premiers jeux… avant de fracasser sa raquette de rage contre le sol, ce qui reste évidemment moins grave qu’une balle balancée en pleine tronche d’une juge de ligne.

On pourra aussi se demander si son détour par Tokyo, pour y perdre sa crédibilité, son énergie et sa confiance, n’a pas précipité son échec final à New York. Je te rassure, ça reste un souci aussi vital que la programmation du Paléo 2022 ou le nom du prochain coach du FC Sion. Au final, on s’en branle complètement et on est bien content, pardon, on est super HEUREUX, re-pardon, on BANDE COMME DES TAUREAUX à l'idée que Djokobite ne fasse pas la une des journaux mondiaux cette semaine. Les dieux du tennis que sont Rodgeur et Rafa ne méritaient pas ça. Leurs fans que nous sommes non plus. Le Serbe finira bien par nous la mettre (et nous la d'ailleurs bien mise par le passé), mais il naura au moins pas le plaisir de le faire suite à un Grand Chelem calendaire. On se console comme on peut. Avec ou sans lubrifiant.

Merci Daniil Medvedev donc. Oui, il convient de terminer ces quelques lignes en félicitant celui qui a permis aux 99% des fans de tennis de se réveiller avec le sourire ce matin. Putain les gars, on na jamais autant aimé un mec qui ressemble à un croque-mort. Ce grand échalas au jeu désarticulé et au charisme d’une motte de beurre offre un premier titre majeur à cette génération de losers qu’on a surnommé la NextGen, ces petites bites sans caractère habituées à perdre leurs moyens dès que la pression monte. Le lauréat du dernier Masters a réussi là où tous les autres, Zverev et Tsitsipas en tête, se sont plantés : gagner un titre du Grand Chelem face à l’un des trois monstres sacrés. Ce Russe aux airs de Fantomas ne fait rêver personne, y compris sa loge garnie de trois pelés, mais son jeu est solide et son mental semble tenir la route. 

Bref, bravo à toi, le grand pin de Moscou, le Pierre Richard de la petite balle jaune. Et encore merci d’avoir permis au tennis de rester à 20 – 20 – 20. Jusqu’en janvier en tout cas. Et plus si affinités.