La Suisse aime Rodgeur. Et vice versa ?

Rodgeur n’est décidemment pas un Suisse comme les autres ! Bien sûr on le savait déjà… mais là, il franchit encore un palier ! Jamais un Helvète n’avait eu un timbre à son effigie de son vivant ! D’un côté, on n’aurait pas su à qui le donner… Adolf Ogi ? T’es fou ! Les gens n’auraient pas su de quel côté cracher pour coller le timbre ! Lolita Morena ? J'aurais déjà léché le stock !

Quoi qu’il en soit, Rodgeur fait déjà partie de la collection de la Poste, et ce à 25 ans et demi ! Lorsque j’étais au top de ma carrière, c’est-à-dire pendant les 3 mois qui ont suivi mon titre olympique à Barcelone, la seule chose qu’on m’avait proposé, c'était de figurer sur les linges de San Pellegrino et sur la carte du Velvet !… Putain, mes parents étaient fiers ! A la Hingis on lui propose d’être l’effigie d’une machine à laver, moi des linges San Pellegrino et d’une boîte à cul, Jakob Hlasek des shampooings M-Budget, Patty Schnyder du Lexomil et Heinz Günthard des bretzels au cumin… tandis que le Rodgeur, non seulement ambassadeur de Rolex, Nike, l’Unicef et j’en passe, est désormais sur un timbre-poste !

Aucune jalousie dans mes propos, respect total pour le maître, sauf que là, on va être clair, FEDERER DOIT JOUER LA COUPE DAVIS ! Je l’écris en majuscule et en gras pour que le message soit bien compris ! On lui avait déjà filé le drapeau aux JOs d’Athènes alors que franchement, j'ai connu beaucoup plus convaincant qu'un tennisman multi-millionnaire comme vecteur de l'esprit olympique. Résultat des courses, il l'a porté haut durant la cérémonie pour mieux ensuite nous le mettre profond dans l'orifice le moins élégant de notre anatomie ! La double défaite de Rodgeur à Athènes, je l’ai toujours en travers de la gorge… et je plains encore Allegro ! Avoir sacrifié sa carrière en simple pour espérer un jour gagner un grand tournoi en double, se préparer des semaines pour les JOs et se retrouver à regarder un numéro 1 mondial des mauvais jours, dans une crise d'ado, balancer le match et plomber ses rêves de gosse, moi j'aurais eu la haine ! Je l'avais d'ailleurs surnommé le «porte-gode» pendant un temps le Rodgeur… Ca ne le faisait pas beaucoup rire, mais moi si... Trouver des surnoms ça m'a toujours fait marrer. Rodgeur c'était le «porte-gode», Bastl le «porte-malheur», Lüthi le «porte-serviette»... et Vavrinec ? Le «porte-avions» !

Bref, aujourd'hui, alors qu'on lui dédie un timbre à 1 franc, il ne va pas nous reposer un lapin et nous sortir une débilité du genre : «Je ne joue pas la Coupe Davis pour préparer ma tournée américaine blablabla bliblibli…» Tout ça pour se faire sortir lamentablement par un Gauchos aussi talentueux que Thomas Muster… Que l’on joue l’Argentine à Buenos Aires ou l’Australie à Perth, il devra être là et porter le maillot rouge ! Pas d’excuses à deux balles ni d'ordre de son caporal, on compte sur lui pour faire les trois points ! Merde à la fin, qu'il joue cette Coupe Davis et qu'il nous ramène le Saladier d'Argent ! Et là, ce n'est pas un timbre-poste qui lui faudra mais une statue sur la Place Fédérale !