A chacun son 11 septembre…

On ne peut pas comparer l’incomparable, mais force est de constater que Rodgeur a vécu, en ce 1er juin 2010, un traumatisme sans précédent. Il a non seulement été battu à la régulière, mais a en plus mis un terme à son incroyable série de 23 demi-finales de Grand Chelem consécutives, sans oublier le record de Sampras qui risque d’être mis entre parenthèses en cas de victoire finale de Nadal. Et puis bien sûr, il a perdu son titre à la Porte d’Auteuil et n’aura pas l’occasion de réaliser l’improbable Grand Chelem cette année… C’était l’année ou jamais, serais-je tenté d’écrire. Bref, le Maître a perdu beaucoup plus qu’un match hier soir. Et ça fait drôlement chier…

Que dire sur cette partie qui n’a pas déjà été dit ? Pas grand-chose en fait. Ce quart de finale, tu l’as vu, tous les passionnés tennis l’ont vu. Il n’y avait pas vraiment photo entre un Söderling en état de grâce et un numéro 1 mondial en deçà de ses possibilités. Bien sûr, l’histoire aurait pu être différente si le Suisse avait remporté ce maudit 3e set, s’il avait su et pu concrétiser les quelques rares occasions qui se sont présentées à lui. Mais voilà, on ne va pas refaire le match, le Suédois était tout simplement sur un nuage, tapait comme un sourd et tutoyait les lignes comme le Maradona de la grande époque. Tout lui a souri en ce mardi pluvieux. Et surtout, il n’a rien lâché et n’a connu aucune baisse de régime. Du travail de pro, du Black & Decker alors que Rodg l’avait blanche et droite si tu vois ce que je veux dire...

A l’image du 31 mai 2009 où, dans un Central en ébullition, il avait terrassé l’ogre de Manacor en huitième de finale, la grande tige de Tibro avait également du feu dans sa raquette en ce putain de 1er juin 2010. Les comparaisons s’arrêtent car ce n’était vraiment pas la même ambiance. Un Central aussi vide que d’habitude durant cette quinzaine, un ciel noir, une pluie fine, un public acquis à la cause de Rodgeur mais sans voix et tellement incrédule: il y avait une ambiance d’enterrement sur le Philippe Chatrier. Bref, je le disais hier, je le répète aujourd’hui : cette édition 2010 est vraiment pourrave. Loin de moi l’envie de dénigrer Söderling, mais franchement, une demi-finale Söderling – Berdych en Grand Chelem fait autant rêver qu’un Suisse – Honduras en Coupe du Monde…

Maintenant, on se doit de reconnaître que le protégé de Magnus Norman a été stratosphérique contre notre Rodg national. Il a mérité cette victoire, il a mérité d’entrer dans la grande histoire du tennis. Robin Söderling sera à tout jamais celui qui a battu pour la première fois Rafael Nadal à Roland Garros, et celui qui a brisé le record de Roger Federer en Grand Chelem. Et tu veux que je te dise ? Je n’arrive même pas à le détester tant il m’avait procuré de joie l’an dernier. Je me réjouis même de le voir évoluer en finale dimanche contre Rafa si bien sûr il y arrive (pour Popeye, je ne me fais aucun souci). Nul doute qu’avec ses pains de coup droit et ses services à 225 km/h, il est capable d’atomiser une seconde fois le taureau des Baléares ! Et il n’y aurait personne pour crier à l’injustice… à part quelques Espagnols un peu chauvins sur les bords... En tous les cas, la revanche Nadal – Söderling en finale, si les deux sont à fond et jouent leur meilleur tennis, moi j’achète !

En attendant, je n’ai plus grand-chose d’autre à dire, je suis même à court de théories. Je n’avais même pas la force de sortir avec Pascal Droz hier soir. Lui était beau chaud, il y avait un concert des Soldat Louis dans une vieille boîte de rock du 18e, autant dire qu’il avait sorti sa veste en cuir et ses santiags ! Mais le cœur n’y était pas de mon côté… Et dire qu’aujourd’hui, les «chocs» qui nous sont proposés sont Djokovic – Melzer et Almagro – Nadal, le tout devant des gradins aux trois quarts vides et sous un ciel maussade, c’est clairement indigne d’un tournoi estampillé Grand Chelem… Il va falloir trouver une sacrée niaque pour commenter ces matches de rêve !