Le bal des frustrés
Que n’apprend-on pas ce matin dans L’Equipe ? Wawrinka se serait fait alpaguer dans les toilettes du gala final par Kinder Bueno, Mary Poppins et Jeanne D’Arc. «Ouais mec, tu nous a manqué de respect, bouffon ! Vas-y va pourquoi que tu t’es pas mieux tenu en conférence de presse ? Dans ma téci ça serait pas passé comme ça quoi ! » Putain j’en ai connu des trucs dans ma vie. J’en ai entendu des théories de merde. Mais là, c’est le sommet du blues. Sérieux, les Français qui viennent expliquer à Stan qu’il a une grande gueule, c’est Rocco Sifredi et Marc Dorcel qui reprochent à Darius Rochebin de maltraiter les femmes ! C’est Bernard Tapie qui fait la morale à Robin Cornelius sur l’éthique dans le business ! C’est Franck Ribery qui explique à Joël Dicker que son livre est mal écrit ! C’est Clara Morgane qui trouve que Maria Mettral est provocante en présentant sa météo ! C’est Richard Virenque qui dit que Laurent Dufaux est un gros dopé !
Putain, les plus grandes gueules de l’histoire du monde viennent nous faire la morale pour deux tacles en conférence de presse. J’hallucine, je rêve, je verse. Sérieusement les mecs, vous avez déjà chialé tout le week-end en proposant un tennis de fillettes, Monfils mis à part. Le public ci, le public ça. Vous n’allez pas encore nous faire chier un dimanche soir ?!? Vous ne pourriez pas la fermer, votre putain de grande gueule ? Faut-il vous rappeler que pour une finale à Melbourne, on vous comparait déjà à Mohamed Ali ? Faut-il vous rappeler que pour une victoire aux Petits-As, on vous a entendu dix ans ? Faut-il vous rappeler que depuis qu’on enchaine les titres en Grand Chelem, vous vous touchez encore le bout sur une victoire de Yannick Noah à Roland Garros, short court et raquette en bois ? Sérieux, à force d’être des losers sur le terrain, ça ne vous viendrait pas à l’idée d’avoir une attitude digne ? De garder pour vous votre frustration de petit con Chevignon à qui on a volé sa madeleine à la récré ?
Mais qu’a fait la France, qu’est devenue la France pour nous enfanter des gaillards pareils ? Je ne comprends plus rien ! Je ne sais pas d’ailleurs ce qui est le pire. Que ces mousquetaires au physique de chips et au mental de coton entreprennent Wawrinka dans les chiottes ? Ou que ça sorte dans les journaux avec les explications de Julien Benneteau ? Tout cela est bien entendu pathétique, un récit de pauvre (pardon de sans-dent) dans un décor d’opérette en carton mâché. Mais le pire dans tout ça et je pèse mes mots, c’est le discours d’Arnaud Clément. Une honte, une tache de la part d’un capitaine qui montre ici toutes ses limites. Ou plutôt que le syndrome Domenech n’a pas fini de hanter l’esprit du sport français. Arnaud Clément, capitaine, s’il respecte sa fonction, s’il comprend les enjeux, il se met au-dessus de la mêlée ! Mais non, ce dernier a préféré se coucher dans le caniveau en compagnie de toute sa bande de médiocres. Un faible, une faiblesse impardonnable à ce niveau. Dans la réflexion qui devrait suivre cette déroute, il serait bien que la Fédération Française de Tennis se rappelle aux bons souvenirs de mecs qui ont une éthique et des principes, qui ne se laissent pas bercer par les désidératas d’un groupe qui n’a jamais rien gagné d’autre que des Chupa Chups dans leur carrière de bisounours. A ce rythme, c’est au futur qu’ils vont apprendre à conjuguer la défaite. Eux qui déjà maîtrisent le verbe perdre au présent et au passé comme personne. Toute référence à Guy Forget est à peine voilée.
Bref, cet incident est d’une tristesse sans nom. D’autant plus triste que le tennis de Gasquet, la folie de Monfils ou la rage de Tsonga ne sont de loin pas pour me déplaire, bien au contraire. Que l’engagement de Benneteau durant le double est exemplaire. Mais serrer un mec dans les toilettes à trois ou quatre c’est des méthodes de barbouzes, de petits cons frustrés armés de toutes petites couilles qui n’ont d’égal que la taille de leur cerveau.
J’aimerais d’ailleurs leur dire que dans notre petit coin de pays, dans la presse et dans ce modeste faux-blog, Rodgeur et Stan auraient pris des sonnées monumentales s’ils avaient joué cette finale à leur niveau. Et ils les ont déjà prises par le passé. J’aimerais te dire Tsonga, qu’il n’y a que la complaisance médiocre de la presse française pour ne pas te faire trembler par rapport à ta performance du week-end. Il est plus simple en effet de s’en prendre à Richard. Mais Richard lui était sur le terrain pendant que tu séchais tes larmes sur le bord du court. Il a au moins eu ce courage, contrairement à toi.
J’aimerais te dire que pendant que tu rêvassais à ta finale perdue à Melbourne, Stan s’entraînait comme un chien pour devenir ce qu’il est devenu. Un chien seul je le précise. Parce que toujours dans ce petit coin de pays, on ne lui a rien pardonné. Combien de moqueries a-t-il essuyé sur ses quarts de finale perdus ? Combien de mépris a-t-il pris suite à ses victoires à Casablanca ou au fin fond de l’Inde ? Pour émerger au cœur de l’exigence du peuple du tennis suisse, habitué aux triomphes incessants de Federer, il a dû se battre avec la force et la rage d’un affamé, avec le cœur et le mental d’un mercenaire. Et que la claque qu’il t’a mise vendredi n’est que la juste résonnance à ton dédain mal placé suite à sa victoire à Melbourne.
Je ne veux pas faire de toute cette histoire un «WC-gate», mais il me semble quand même que ces gens nous doivent des excuses. Et il n’y aura que des excuses publiques pour que nous pardonnions et que nous arrêtions de négliger ces petits frustrés dédaigneux qui n’ont que la bêtise et l’ignorance affichées comme principe.
Bref mes amis, vous m’excuserez la rage témoignée dans ce post, vous m’excuserez l’agressivité du moment suite à cette victoire qui nous berce dans le bonheur depuis trois jours, mais je fais partie de ceux qui n’acceptent pas de prendre des leçons de vie par des clowns ! Et j’ai sincèrement une tolérance limitée face à la connerie.