18.2.18

L'Everest aux Pays-Bas !!!

NUMBER ONE !!!!!!!!!! Le Dieu Roger Federer est donc de retour sur le trône, sur son trône, tout en haut de la planète tennis, au sommet de son art, de sa gloire et de sa splendeur. De sa divinité. «A sa place», comme l'a titré L'Equipe dans son édition de samedi, laquelle débute par un magnifique édito où le Bâlois est considéré – à juste titre bien sûr – comme le plus grand sportif de tous les temps. «On a eu beau fouiller, aucune icône d'un sport mondialisé n'a étendu son règne aussi longtemps», écrivent-ils entre un hommage grandiloquent et une envolée dithyrambique.

Non, aucun autre athlète, aucun autre sportif n'a réussi un pareil tour de force. Personne n'a su être le meilleur dans son domaine en janvier 2004 et le redevenir... quatorze ans plus tard. Personne. A titre de comparaison dans le domaine sportif : t'imagines qu'à l'époque où le Maître a pris pour la première fois le pouvoir sur le circuit mondial, Hermann Maier dominait le cirque blanc, Pavel Nedved était Ballon d'Or, Chapuisat et Frei menaient l'attaque de la Nati alors que, dans le top ten, il y avait des joueurs de son âge comme Roddick, Ferrero ou Nalbandian ? Tous ces sportifs sont aujourd'hui à la retraite, postent des photos de leurs enfants sur Instagram ou sont consultants pour des chaînes de télé. Rodgeur, lui, continue d'empiler les trophées et les records, de traverser les générations et de marquer la grande histoire de son sport au fer doré de sa classe. Sa classe federesque. Et je milite publiquement pour que cet adjectif entre dans le Larousse !
 
Ainsi donc, après avoir décroché le Graal une première fois le 30 janvier 2004, une deuxième le 5 juillet 2009 et une troisième le 8 juillet 2012, l'homme de tous les superlatifs s'offre un quatrième séjour dans le fauteuil du patron dès le 19 février 2018, à 36 ans, 6 mois et 11 jours. La grande histoire retiendra que c'est aux Pays-Bas, nation connue pour être située sous le niveau de la mer, que Rodgeur a atteint l'Everest tennistique ; la petite histoire retiendra qu'il y a gagné son 97ème titre face à un Dimitrov une nouvelle fois hyper décevant, balayé en 54 minutes (pauvres spectateurs...) et qui n'a de Baby Federer que le Baby. On retiendra aussi les émotions et la cérémonie de vendredi soir durant laquelle le Maître
– rayonnant a reçu un trophée en carton confectionné par des élèves de deuxième primaire. Mais on allait quand même pas demander à des Bataves de réaliser un trophée en diamant brut...

Trois titres du Grand Chelem et la place de numéro 1 mondial, voici le bilan du Rodg depuis son retour en janvier 2017. Quoi qu'il arrive désormais, que le Maître reste quatre ou cinquante semaines sur le trône, qu'il gagne zéro ou six Majeurs, sa fin de carrière restera comme son chef d'oeuvre absolu, sa signature divine, son empreinte magique. On a adoré sa domination sans partage – terre battue exceptée – entre 2004 et 2009 ; on a appris à souffrir avec lui durant l'ère du Big Four entre 2010 et 2016 ; on est aujourd'hui en extase face à cet ultime sursaut d'orgueil, ce retour magistral du Phénix, ce dernier tour de piste au scénario aussi jouissif qu'improbable. A l'image de la Coupe du Monde 2006 de Zidane, sans le coup de boule et avec le titre au bout. Une carrière en trois chapitres qui méritera, lorsque le rideau sera tombé et que les larmes auront séché, un triptyque au cinéma.

Ma joie est immense, mon émotion toujours très vive et jamais je n'aurai pensé, moi qui baigne dans le tennis depuis ma plus tendre enfance, que ce sport puisse avoir un jour un tel ambassadeur. Qu'un homme puisse repousser à tel point les limites de ce sport. Qu'un compatriote puisse devenir une idole planétaire. Et que je puisse un jour échanger des what's app avec Dieu. 

12.2.18

A trois matches du trône !

C'est évidemment LA nouvelle de la semaine et ça fait déjà frémir tous les fans de la petite balle jaune : Roger Federer a décidé de s'aligner au tournoi de Rotterdam et (de tenter) de chiper cette place sur le trône à son éternel rival. Il lui faudra donc trois «petites» victoires, six sets ou trente-six jeux afin de devenir le plus vieux numéro 1 mondial de l'histoire et d'ajouter une énième ligne dorée à sa somptueuse légende. La fenêtre est trop belle, le champ de tir trop parfait et Rodgeur, en fin sniper, a mille fois raison de sauter sur l'occasion. 

T'imagines l'excitation qui doit régner à Rotterdam et la tête du directeur du tournoi quand il a reçu le téléphone du plus grand joueur de tous les temps ? «Bonjour, c'est Roger Federer, j'aimerais participer à votre tournoi...» «Heu... c'est qui ? Roger Federer ?!? Oui oui, et moi c'est Elvis Presley ! Allez, merci pour le gag et à bientôt...» Eh bien non, ce n'est pas un gag Monsieur le Directeur, l'homme aux 20 tournois du Grand Chelem (comme c'est bon de l'écrire !) sera bel et bien présent et les organisateurs doivent crouler sous les demandes de billets et d'accréditations à l'heure où j'écris ces quelques lignes. D'un crouille ATP 500, ce tournoi est devenu l'événement tennistique du mois de février, et ceux qui ont eu la bonne idée d'acheter des billets pour la semaine pourraient bien faire des affaires au marché noir... 

Roger Federer à Rotterdam, c'est l'action Apple après le lancement du premier iPhone, c'est le PSG après l'arrivée des Qataris, c'est Emily Ratajkowski qui sonne à ta porte un samedi après-midi, c'est les Rolling Stones qui demandent à venir jouer au Venoge Festival ! Bref, c'est un peu comme si un mec ouvre un boui-boui dans la banlieue de Madrid et que, le jour de l'inauguration, Cristiano Ronaldo l'appelle pour réserver une table... 

Clin d'oeil du destin, le Maître – s'il gagne ses deux premiers tours – pourrait retrouver un certain Stan Wawrinka en quart de finale dans un derby suisse qui vaudra très cher, surtout pour Rodgeur, dont les mots ont le mérite d'être clairs : «Jouer la première place mondiale vendredi contre Stan Wawrinka, cela sera comme disputer la finale d'un tournoi du Grand Chelem !» On n'y est pas encore et pour se frayer un chemin vers l'Everest tennistique, le sommet de l'Olympe, vers cette place sur le trône qu'il n'a plus occupé depuis le 4 novembre 2012 (!), le Bâlois devra d'abord écarter Bemelmans avant un huitième de finale contre Khachanov ou Kohlschreiber. Tu me connais, autant je me tape des Jeux Olympiques comme de mon premier rendez-vous chez le dentiste, autant je ne raterai pas une miette du tournoi néerlandais et de ces trois duels qu'on peut d'ores et déjà qualifier d'historiques. Oui, je m'enflamme, je ne tiens plus en place et, pour tout te dire, je suis à deux doigts de réserver mon billet d'avion pour Rotterdam !